Interdiction du maïs MON 810: le triomphe de la démagogie
Le
gouvernement a décidé d'avoir recours à la clause de sauvegarde auprés de
l'Union Européeenne pour lui permettre d'interdire la culture en France du maïs
transgénique MON 810. Il a fondé sa demande sur l'avis de la Haute Autorité
provisoire sur les OGM qui fait part de "doutes sérieux" sur ce maïs.
Cet avis a été rédigé par le président de cette Haute Autorité le sénateur UMP
de la Manche Jean-François Le Grand.
Là où le bât blesse c'est que parmi les membres de cette instance, 14 d'entre
eux, à la suite de la publication de cet avis ont signé un texte de
protestation.
Dans un communiqué, les protestataires estiment que « le projet d'avis
qu'ils ont rédigé le 9 janvier 2008 sur la dissémination du MON 810 sur le
territoire français ne comporte pas les termes de “doutes sérieux”, pas
plus qu'il ne qualifie les faits scientifiques nouveaux de “négatifs”», comme
l'a déclaré Jean-François Le Grand. Ils se disent «gênés par le décalage
entre l'avis tel qu'ils l'ont rédigé et sa transcription». Le communiqué est
signé par 12 des 15 membres du comité scientifique et deux membres de la
section économique, éthique et sociale.
Par ailleurs quarante scientifiques de haut niveau, dont Roland Douce (
Grenoble) et Christian Dumas ( ENS Lyon) dénoncent dans la demande de clause de
sauvegarde par la France pour le MON 810, le détournement de la science par le
politique.
"Nous nous étonnons
de voir ainsi peu pris en compte le travail des scientifiques dans ce domaine.
Rappelons qu'avant toute autorisation de mise en culture chaque OGM est
l'objet, au cas par cas, d'évaluations approfondies tant au niveau national
qu'européen" rappelle les signataires, parmi lesquels Douce Roland, de l'Académie
des Sciences, spécialiste du métabolisme de la cellule végétale et Dumas
Christian (Académie des Sciences), spécaliste du développement des
végétaux.
« L'impact sur
l'environnement de même que la sécurité sanitaire sont aujourd'hui évalués au
plan national par la Commission du génie biomoléculaire (CGB) et/ou l'Agence
française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) puis au plan européen par
l'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA). L'autorisation de mise
en marché ne peut être obtenue qu'après consultation de ces deux niveaux. Le
seul OGM actuellement cultivé en Europe avait obtenu, des instances nationale
et européenne de l'époque, un avis favorable" rappellent les signataires
du texte.
Il est assez clair, au
vu de ces informations, que la décision du gouvernement a été guidée par de
toutes autres considérations que scientifiques.
N. Sarkozy dans sa stratégie d'ouverture tous azimuts a voulu faire une
concession aux écologistes, particulièrement à José Bové qui, ayant disparu
depuis les présidentielles, a trouvé avec le maïs MON 810 un moyen de refaire
parler de lui.
En même temps N. Sarkozy
avec cette interdiction tente de faire croire que le Grenelle de
l'environnement a servi à quelque chose. C'était d'autant plus nécessaire que
des "doutes sérieux" se font jour de tous côtés sur les suites de ce
Grenelle qui risque bien de n'avoir été qu'un gigantesque effet d'annonce sans
vrais lendemains, faute de moyens.
Encore une fois c'est le
triomphe de la démagogie!